Cétait la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l'univers.Qui a dit : «Un roi sans divertissement est un homme plein de misères» ? Jean Giono, né en 1895 et Passer au contenu Thérapies high-techs des traitements et du divertissement Thérapies high-techs des traitements et du divertissement L’innovation en santé prend des détours inattendus quand elle s’affranchit des médicaments. Grâce à la musique ou au jeu, l’unité de recherche EuroMov Digital Health in Motion* développe des traitements thérapeutiques pointus pour la rééducation du mouvement. Un roi sans divertissement est un homme plein de misères ». La pensée de Pascal a pu inspirer les chercheurs en sciences du mouvement d’EuroMov DHM alors que plusieurs de leurs innovations associent traitement et distraction. Par la musique d’abord dont les vertus sur la marche et l’équilibre ont inspiré l’application smartphone BeatMove. En imposant un rythme extérieur, la musique améliore la marche des personnes souffrant de la maladie de Parkinson », précise Benoît Bardy, professeur en sciences du mouvement et de la santé. Avec son équipe, il développe un logiciel capable de synchroniser de manière adaptative la musique avec la cadence du pas. Concrètement, le patient doit s’équiper de son smartphone et de ses écouteurs, ainsi que des semelles équipées de capteurs de mouvements. Pendant la première minute de marche, l’algorithme détecte les caractéristiques du pas pour paramétrer l’application et choisir le morceau qui correspond », explique Benoît Bardy. Le logiciel BeatMove puise dans une base de données de près de 600 morceaux pour trouver celui qui correspond à la bonne cadence. Comme il n’est pas question de contrarier le marcheur, il peut choisir entre cinq genres musicaux pop, rock, classique, variété, jazz. Division par deux des chutes La grande innovation de cet algorithme est qu’il adapte en temps réel le rythme de la musique à celui de la marche. L’appli gère une variation de 10 à 20 % de la cadence pour compresser ou dilater la musique, sans que cela soit sensible à l’oreille. Puis si le rythme du marcheur change de manière trop importante, l’appli change automatiquement de morceau », souligne Benoît Bardy. Le choix des musiques a été fait avec l’Université de Gand en Belgique pour couvrir une gamme très large. L’intelligence artificielle utilisée permet aussi à l’algorithme d’anticiper le mouvement, de gérer les évènements parasites comme la montée sur un trottoir, de gérer les changements de rythme comme pour gravir un escalier… », précise le chercheur. BeatMove augmente aussi progressivement la cadence de manière subliminale pour atteindre une vitesse optimale, calculée pour chaque patient. Une accélération qui contrebalance la tendance des personnes atteintes de Parkinson à ralentir leur marche, souvent par prudence ou peur de la chute. Les premiers résultats sont spectaculaires. En 2021, une étude sur 40 patients montre une division par deux des chutes, une stabilisation de la marche et augmentation de la vitesse de 20 %. Une large étude clinique est en cours sur le territoire national auprès de 400 patients, réalisée sous la responsabilité de la Clinique Beau Soleil avec le docteur Valérie Cochen de Cock pour bien s’assurer que les effets bénéfiques sont liés à l’application et pas seulement à la reprise régulière d’une activité physique. La distraction de l’effort Une vingtaine de publications et un brevet plus tard, la start-up BeatHealth doit maintenant assurer la phase de commercialisation de l’application Beat-Move. Plusieurs améliorations sont déjà prévues, en particulier la suppression des capteurs pour n’utiliser que ceux présents dans les smartphones. Autre perspective, avec le programme Companies on campus de l’I-Site et le CHU de Montpellier, proposer cette solution non médicamenteuse à des personnes obèses pour les inciter à pratiquer une activité physique, en profitant de l’effet motivant de la musique. La distraction de l’effort est d’ailleurs l’argument d’un autre projet initié au sein d’EuroMov la plateforme de jeux thérapeutiques pour la rééducation des mouvements Medimoov. Le point de départ du projet, ce sont des doctorants du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier bien décidés à montrer les effets positifs des jeux vidéo », se rappelle Antoine Seilles, alors doctorant dans ce laboratoire et aujourd’hui PDG de Naturalpad, l’entreprise créée pour développer Medimoov. Le groupe de jeunes chercheurs s’intéresse alors à l’intérêt de jeux vidéo dynamiques sur l’exercice physique, en particulier sur la prévention des chutes et la rééducation dans les Ephad. Leur projet trouve un écho auprès des médecins spécialisés, qui constatent que les trois quarts de leurs patients âgés interrompent leur rééducation, lassés par une pratique répétitive ou par la peur de se faire mal. De la piraterie et de la conquête spatiale Reste à concevoir des jeux à la fois efficaces et ludiques. Naturalpad développe une mécanique itérative de conception des jeux, en collaboration avec les soignants et les patients, pour bien comprendre les besoins thérapeutiques et les envies de jeu », explique Antoine Seilles. Ainsi, des entretiens avec les soignants permettent de choisir les mouvements les plus efficaces pour la rééducation. Les ergothérapeutes veulent que le joueur utilise des gestes amples, qui mobilisent les deux mains. Les kinésithérapeutes ciblent au contraire des gestes précis pour une rééducation plus ciblée. Nous échangeons aussi avec les joueurs pour bien comprendre leurs envies », raconte le développeur. Car si les soignants tablent sur des univers de jeu familiers, comme par exemple un simulateur de conduite, les patients – eux – demandent de la piraterie, de la conquête spatiale ou encore de la course automobile sans limitation de vitesse ! Des patients voulaient un jeu sur la chasse, une envie pas facile à concilier avec des soignants critiques sur la présence d’armes et les propres réticences des développeurs, globalement plutôt anti-chasses. Finalement, notre jeu met en scène des lapins et des sangliers qui tirent sur des ballons auxquels sont suspendus des chasseurs… une solution qui satisfait tout le monde ! », s’amuse Antoine Seilles. Forte de quinze salariés, l’équipe de Naturalpad développe aujourd’hui des jeux pour des personnes ayant différentes pathologies, en particuliers des handicaps parfois lourds. Depuis le premier jeu développé en 2011, la société propose aujourd’hui ses jeux à 150 établissements médicaux dont la moitié sont des Ehpad. * EuroMov DHM UM, IMT Mines Ales Partager sur les réseaux sociaux Articles similaires

UnRoi sans divertissement est un homme plein de misères “Il me manque quelque chose dans ma vie !” chantaient en 2009 les danseurs du mouvement “Back in France” qui prônent à travers un court métrage, façon comédie musicale, le retour de Burger King dans l’hexagone. 12 ans après la disparition du dernier Burger King de France, ils défilent

-33% Le deal à ne pas rater Jumbee Roundnet – Jeu de plein air à 29,99€ € € Voir le deal Le Deal du moment Cartes Pokémon où commander le coffret ... Voir le deal € Lightning Strokes Thunder Bay. Starbuck AuteurMessageAber Sparks ♠ AGE 31♠ COPYRIGHT Drey / Tumblr♠ STATUT SOCIAL Alone. ♠ EMPLOI/LOISIRS Sans emploi / truandSujet "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Mer 14 Mar - 2339 Des marshmallows. Fondus. Dans une tasse de café brûlante. Et assis au fond du canapé, affalé comme un petit vieux. Puis mater une série bien stupide ou un feuilleton sans intérêt, comme un petit vieux. Ou alors commencer à dessiner l'ébauche de son prochain tatouage. Affalé sur le canapé. Comme un petit vieux. ClicPenser à rappeler Antoine. Se charger de l'échange prévu avec ces pauvres cons de québecois. Faire visiter l'endroit à Amanda, éventuellement. Faire un tri dans le groupe qui squatte la troisième planque depuis quelques jours. Racheter une batte neuve. Entreprendre de faire les comptes du dernier mois pour voir si le dernier fournisseur a pas tenté de faire une escroquerie foireuse. Faire comprendre à ces nigauds l'absence prévue à leur prochaine sauterie de débauchés complètement paumés. ClicAller voir quelqu'un pour changer la cymbale crash cassée. Prévenir les voisins du dessous qu'ils n'auront plus à cracher des insanités infantiles à travers leur plafond tant que la batterie ne sera pas réparée. Refaire un tour à l'ANPE pour voir si les classeurs et les ordinateurs voleront dès que le pas de la porte sera franchi. Donner aimablement son CV à n'importe quel commerce avant d'avoir la culpabilité de celui qui aurait gâché du papier donc abattu des centaines d'arbres pour rien. ClicRecommencer à zéro sa partie de Skyrim. Compter les pièces dans le bocal à centimes trop grand pour son contenu. Regarder le foot alors que c'est terriblement ennuyeux. Jeter enfin toutes les sauces périmées qui prennent plus de place dans le frigo que tout le reste. Battre son record de 6 secondes d'écoute de Nyan Cat. Se couper les cheveux les yeux fermés. Lancer le chat de la voisine par la fenêtre. Insulter les passants. Se jeter la tête la première dans le peu de neige qui prendre un café. Toutes les raisons sont bonnes à prendre pour détourner son attention de quelque chose qu'on ne veut pas voir ou accepter. C'est un petit truc de personnes de mauvaise foi. Tout un art de vivre. Esquiver la vérité c'est assez marrant au fond, mais ça ne l'est qu'au début. Après, c'est toute une sorte de culpabilité idiote qui retombe sur le crane. On peut très bien penser à n'importe quoi, même si ça n'a pas de sens, tant que ça permet d'éviter les problèmes pour quelques minutes. C'est un peu – carrément – l'image du type qui admire le bal aérien d'une mouche au lieu d'écouter les sermons de l'autre mec. De toutes façons, avoir la force de regarder les choses en face, c'est souvent quelque chose qui demande trop de courage. Pardon? Aber avoir du courage? La bonne blague. Lui, on peut le mettre devant une poignée de gars armés jusqu'au dents, devant un psychopathe cannibale, devant sa voisine de 120 ans et son chien, devant une mygale géante style Harry Potter, devant une centaine de policiers aux pistolets braqués sur lui, devant un tsunami, devant l'apocalypse, rien ne lui fera peur. Rien. A part une chose. Une chose dont personne n'a peur, a part lui. Cette toute petite chose certainement inoffensive et qui aurait autant de force dans les poings qu'un petit chat. Cette chose aux cheveux roses et à la dégaine gracieuse qui se balade derrière les photographes depuis tout à l'heure. Des tas de gens se demandent pourquoi Aber n'est jamais entouré. De nanas, bien évidemment. Souvent, ses potes le taquinent en lui rappelant qu'il a une peur bleue des femmes. Ce n'est absolument pas vrai, non. Mais pourquoi ne le voit-on jamais en approcher une seule dans ce cas? Et pourquoi rejeter toutes ces bombes atomiques qui se jettent sur lui avec tant d'ardeur et de passion, la jupe raccourcie et le décolleté baissé? Non non, il les rejette pas! En tout cas il s'en rend pas compte. Les meufs, ça a toujours été le dernier de ces soucis, toujours. De toutes façons, il a jamais reçu le mode d'utilisation, il ne sait logiquement pas s'en servir. Bien évidemment, les coups de matraque dans la figure des copains a toujours été plus rigolo que n'importe quoi d'autre. Alors à quoi ça sert de chercher désespérément à faire semblant d'être un bon gros macho alors qu'on en a rien a foutre? Aber préférait la solitude, au sens sentimental bien sûr. Quoique. Depuis qu'il était ici, à Thunder Bay, il a découvert les joies d'être absolument tout seul. A la fac, ce n'étaient que des amis de façade. Vous savez, ceux avec qui on ne traine que pour être accompagné au self et pour fumer n'importe quel pilon qui passe par là. Un bon gros cliché de l'étudiant comme Aber les aime, cependant ça lui faisait passer le temps. Vaguer de petits boulots en petits boulots rapidement lui permettait aussi de ne pas trop s'attacher à ses collègues. Malheureusement pour lui, ça faisait quelques temps qu'il avait un petit job où il devait se rendre régulièrement mannequin pour Pimp My Clothes. Mais qui dit job dit collègues, et qui dit régulièrement dit... régulièrement. C'est donc régulièrement qu'il voit les même têtes lui adresser plus ou moins de signes amicaux ou même simplement cordiaux. Et régulièrement il a cette drôle de gêne quand la boss vient lui en adresser un à son tour. Oh, rien de très méchant. Juste psychologique. Ouais, c'est ça. Le réel soucis ne vient pas de son envie d'être seul. Absolument pas même. En tout cas, depuis qu'il est ici, à Thunder Bay. Avant, ça ne s'était jamais manifesté. C'est vrai que l'envie lui prend souvent maintenant de s'isoler pour se plonger dans de profondes réflexions sur des sujets allant du sens de la vie sur Terre à la couleur rose des rouleaux de pq. Mais ce n'est pas la raison la plus importante. Arriver dans une grande ville, en tout cas qui a moins l'air d'une banlieue puante, c'est difficile. En fait, c'est difficile de s'intégrer. Il aurait dû y penser avant de se faire tous ces tatouages à la con qui lui montent jusqu'aux narines. Trouver un emploi et même une vie sociale dans un endroit où chaque passant te regarde comme si vous étiez une bête de foire, c'est pas funfun tous les jours. Encore, dans son bled paumé on le regardait mais on souriait, ici les gens sont plutôt du style à regarder bizarrement puis à déblatérer des injures ou sembler complètement outré. Autant dire que pour prendre le métro ou se balader dans les rues bondées, c'est assez cocasse. Ça fait un peu le même effet que d'être le seul être humain sain au milieu de zombies qui se retiennent de vous dévorer. Heureusement qu'il existe tout de même ceux qui ont de la retenue, et parfois même tentent de faire ami-ami avec lui. Oui c'est bien beau, sauf que l'autre problème, c'est les mœurs. A quoi bon se forcer de se lier avec quelqu'un qui fait tressaillir rien qu'à être regardé? Pourtant il n'a pas de quoi faire peur avec ses bras plus fins que des allumettes. A Thunder Bay sont donc rares les personnes qui ont respecté les choix d'Aber et qui lui accordent même de la sympathie. Quatre ou cinq personnes qu'il a rencontré ici et là, un peu plus ouverts d'esprit que les autres, mais bon, pas de quoi en faire des meilleurs amis pour la vie. Et puis avec un tel passé et un caractère aussi merdique, c'est dur dans le faire dans le relationnel pour ce petit bout d'homme. Mais en ne tentant rien, on a c'est en ne tentant rien que finalement il a eu quelque chose – il faut bien contredire les règles un peu, oh! Il y avait plusieurs choses qui retenait Aber à vivre dans cet endroit puant les préjugés comme dans beaucoup de grandes villes il avait l'espoir qu'un de ces CV envoyés soit retenu, il avait son appart', personne le faisait chier pour aller taper de la racaille, il neigeait souvent, aucune dépendance financière vis-à-vis de sa famille... Et puis surtout, surtout, il y avait elle. La fille aux cheveux roses. La nana qui n'a jamais de temps pour personne à part pour ses mannequins – de couture bien évidemment. Celle qui a toujours l'air pressée, oppressée même, qui a besoin de souffler. Celle qui fait les cent pas derrière les photographes en train de se mordiller les ongles. Celle qui a ses traits fins déformés par l'angoisse et le stress. Cette femme qui a tendance à dire tout le monde dehors, merci, au revoir» avant même que vous ayez pu en placer une. Jamais on peut prendre le temps avec elle. Le temps de changer de tenue pour la photo suivante ou de prendre son courage à deux mains pour lui dire quoi que ce soit. Stop, c'est la boss quand même, c'est un niveau au dessus, voir plus, beaucoup plus. Et apparemment, tout va trop vite avec elle, et dès le premier contact, elle nous emporte dans sa vitesse sans même qu'on se rende compte de quoi que ce soit. On a la tête en feu et on sent son cœur battre trop fort. Aber sursauta. Il ne sut pas si c'était dû à la chaleur qui venait picoter ses joues glacées ou à autre chose. Il s'aperçut bien vite qu'il bouchait l'entrée du café en entendant une petite voix polie lui demander ce qu'il se passait. Après être resté 2 bonnes secondes figé sur place, suscitant la curiosité de quelques clients, il se décala pour laisser passer la jeune fille. Il avait quasiment zappé qu'est-ce qu'il venait faire ici ni ce qu'il fit pendant la demi-heure qui précéda. Mais lorsqu'il vit ce visage candide aux joues rosées comme une poupée l'interroger du regard, il reprit vite ses esprits. "Ah oui, euhm... J'ai l'habitude de me mettre à cette table, ça vous conviens? "Dieu, merci d'avoir accordé au petit Aber le courage qu'il faut pour inviter sa boss à prendre un café. Et puis avec Tatiana, aucune chance que ça tourne mal. A moins qu'il ne se rétame en marchant sur ses lacets, comme il manqua de le faire en tirant sa chaise. Tatiana Cuplle ♠ AGE 33♠ COPYRIGHT Shey♠ STATUT SOCIAL Seule♠ EMPLOI/LOISIRS StylisteSujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Jeu 15 Mar - 1356 Tout était prêt. Elle avait droit à un peu de liberté l'espace d'une ridicule petite semaine. Le défilé était programmé, les tenues terminées, au détail près. Le planning était fixé, parfait, réglé à la minute, voire à la seconde. Il ne restait plus qu'à attendre le jour-J. Jour-J qui approchait à grand pas. Pourtant, cette semaine paraissait infiniment longue. C'était horrible pour Tatiana. Elle avait l'habitude de bouger sans cesse, de crouler sous la tonne de travail, sous le stress, l'angoisse. Elle allait vite, elle avait un rythme de vie que peu de gens arrivaient à supporter, même à New-York. Comparatif très mal placé étant donné que la jeune styliste est originaire du New-Jersey, et que les habitants de cette petite bourgade vomissent 45 fois à l'entente du mot New-York ». Les premières minutes après avoir bouclé les derniers détails pour la présentation de sa collection, elle s'était sentie libérée, un poids en moins sur les épaules et dans la poitrine. Pourtant, ce sentiment laissa vite place à l'ennui et l'impatience. Ensuite, la nervosité. La nervosité et la peur. Peur de mal faire, que tout aille de travers, que la technique faille, que des mannequins se désistent et/ou tombent malades, que des tenues manquent... Bref, tout ce qui pourrait faire de ce défilé un enfer ! Les premiers jours de congé, c'est toujours génial. On fait tout ce qu'on ne peut faire d'habitude, par manque de temps. On s'amuse, on profite. Et puis les jours finissent par se ressembler, on repense au travail. C'est pas que ça nous manque, c'est plutôt que c'est anormal de ne pas travailler. L'impression de prendre du retard, de négliger des choses importantes. Oui, Tatiana était un peu un bourreau de travail, mais après quelques années, c'était un automatisme qu'elle ne pouvait plus repousser. Pourtant, elle s'était promise qu'après cette collection, après l'ouverture de sa boutique, elle ne dessinerait plus avant un bon moment. Enchainer collection sur collection, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux. Ni pour le business, ni pour la santé. En presque deux ans, elle avait tout donné. Elle s'était faite une place, elle avait trouvé le moyen de créer sa première collection. Elle l'avait créée, promotionnée et vendue. Vendue dans le monde entier. Elle avait ensuite repris les rennes sans perdre de temps, passant des nuits entières à dessiner, elle avait repris le flambeau et mis toute son énergie dans la seconde collection. Dénichant à la fois de nouveaux mannequins, de nouveaux adeptes, de nouveaux collègues, de nouveaux photographes et j'en passe. Une fois de plus, ces vêtements, pour la plupart allaient être produits en grande quantité et vendu à travers le monde. Elle devait s'assurer du bon fonctionnement de la manoeuvre. Ensuite, sa boutique était en travaux, bientôt terminée aussi. Et c'est elle qui en serait la première vendeuse pour démarrer. Elle n'avait pas encore ni les moyens, ni le courage de recruter des vendeurs. Elle préférait donc se consacrer à son magasin un long moment, continuant à créer par petite dose. Non seulement ça allégerait le travail et le stress, mais surtout, ça comblerait le manque de mouvements, l'hyperactivité de cette petite boule de nerfs. Elle avait aussi dans l'espoir de reprendre une vie sociale un peu plus normale, d'adopter des horaires de base et de pouvoir recommencer à sortir le vendredi soir, rencontrer des gens, et qui sait, entretenir une relation en parlant de vie sociale, elle avait repris quelques activités banales mais bénéfiques durant cette semaine. Elle avait eu la possibilité de revoir l'une ou l'autre amie de longue date, autour d'un café, une petite sortie au bowling et un restaurant en compagnie d'amis proches de la fac. Oui, il fallait l'avouer, la vie normale, c'était ça. Travailler, certes, mais aussi consacrer du temps au plaisir, à a distraction, consacrer du temps à des amis, à des personnes chères. Le restaurant, elle n'y avait plus été depuis... Et bien sans doute depuis son arrivée à Thunder Bay. De même pour le bowling. A vrai dire, ça, elle n'y jouait jamais beaucoup, elle arrivait à peine à tenir la boule... Et une fois qu'elle la lançait, celle-ci faisait direction gouttière, ça faisait rire tout le monde. Oui, tout le monde. Un jour, alors qu'elle clôturait sa dernière semaine de travail, qu'elle donnait une petite enveloppe supplémentaire à chaque mannequin, l'un de ceux-ci lui fit une proposition qui l'étonna pas mal. En effet, Aber Sparks lui avait proposé d'aller boire un café. Elle avait accepté, un peu désorientée, pensant surtout qu'ils devraient y parler affaires. Peut-être qu'Aber comptait s'en aller ou ne pourrait plus venir aussi régulièrement et qu'il préférait en parler en privé, pour être certain qu'elle lui accorde le temps nécessaire. Elle ne posa donc aucune question et accepta en souriant, fixant le rendez-vous dans son portable-ordinateur-agenda-supersonic. En effet, Tatiana, on ne pouvait jamais vraiment l'attraper pour lui parler d'un sujet sérieux, surtout pas au travail. Elle était trop occupée, trop dans ses pensées, trop carrée. Si quelque chose ou quelqu'un venait contrecarrer ses plans, si une minute était laissée au hasard, à vos risques et périls. Au mieux elle vous remballait gentiment, ou faisait semblant de vous écouter, oubliant à la seconde même ce que vous veniez de dire. Au pire, vous aviez droit à un regard mitrailleur, un ton sec et peu agréable pour vous dire d'aller voir ailleurs si elle y était, et de vous bouger un peu plus les fesses si vous vouliez rester dans son équipe. Heureusement, Aber avait eu l'intelligence de l'attraper en fin de semaine et au début d'une autre qui s'annonçait libre. Certes, cela prit trois minutes tout au plus, le temps de noter le jour, l'heure et le lieu, mais il avait eu l'intelligence ou juste la chance de tomber au bon moment. D'ailleurs, il avait du réfléchir des jours entiers pour tomber pile. Il avait du se désister pas mal aussi, tâtonnant le moment aujourd'hui qu'elle avait rendez-vous avec ce jeune homme. Ah oui, Aber qui est-ce ? Et bien Aber,c'était l'un de ses mannequin. Elle l'avait recherché, celui-là. Enfin, pas lui en particulier. Elle avait surtout besoin de garçons au style particulier afin de poser pour les vêtements les plus rock » de sa collection. Elle avait contacté quelques agences en vain. En effet, les mannequins masculins étaient plutôt du genre minet, bien sages, bien proprets. Un peu Ken », un peu trop parfaits et dénotant fortement avec les vêtements qu'ils devaient porter. C'est alors qu'un jour, une agence lui passa un coup de fil. Ils avaient quelqu'un à lui proposer, seul problème, il n'était pas engagé dans l'agence. Il avait été refusé, ne correspondant pas à leurs critères. Elle avait alors demandé à voir des photos de ce jeune homme, apparemment d'une vingtaine d'années. Il ne fallut pas moins de deux minutes à la jeune créatrice pour se dire qu'elle le voulait. De plus, elle crut bien le reconnaître. Ce gars était avec elle à la fac. Ils ne s'étaient jamais réellement parlé, mais elle l'avait toujours remarqué. Comment faire autrement, de toute façon. Il correspondait parfaitement à ses recherches. Tatoué, plutôt beau gosse, cheveux mi-longs, regard profond, bien formé, ni trop grand, ni trop petit. Elle prit donc les coordonnées et contacta ce modèle. Après toutes les conventions habituelles, il était devenu son premier, et quasiment seul mannequin aussi particulier. Tatoué de haut en bas, de long en large, peu d'autres avaient eu le courage de se faire colorier à ce point. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle en était fière de ce mec. Il travaillait bien, elle n'avait jamais du le recadrer, il faisait ce qu'elle demandait, parfois même sans qu'elle ait à le demander. Un élève assidu ! Faisait-elle aussi peur que cela ? Les photographes en étaient tout aussi satisfaits d'ailleurs. Souvent, il lui arrivait de rester un peu plus longtemps ou de ne jamais s'en aller quand tout allait de travers et qu'il fallait rester une heure de plus. C'est pour ça qu'elle avait décidé de lui verser une prime en fin de semaine, de temps en temps. Après tout, tout travail mérite salaire !Après son rituel habituel café-clope-douche-habillage-coiffage-maquillage, elle était prête pour son rendez-vous, professionnel à la base, donc. Au fond d'elle, l'angoisse qu'il lui annonce son départ, était présente. Il aurait été une grande perte pour sa société, et cela impliquerait une nouvelle recherche pour le remplacer, trouver quelqu'un d'aussi original était loin d'être simple. Elle avait même songé, durant la nuit, à lui augmenter sa paie, si le problème se trouvait là. S'il avait trouvé mieux ailleurs, elle pouvait faire concurrence. Ou bien diminuer la fréquence des shoots, bien qu'il était libre de venir quand il le souhaitait, vu qu'il était payé à la séance. Vêtue d'un long t-shirt imprimé, de collants à carreaux rouges et d'une petite veste poilue, ainsi que de bottines noires. Coiffée simplement, les cheveux lâchés, et maquillée comme à son habitude, Tatiana se rendit au Starbucks où elle devait rejoindre Aber. La neige fondait de plus en plus, le soleil perçait les nuages mais sans pour autant réchauffer. Ceci dit, cela égayait son humeur et elle avait le sentiment que ça faisait le même effet sur tout le arriva à bon port après une bonne dizaine de minutes. Aber était déjà là, planté debout, l'air hagard. Elle espérait ne pas l'avoir fait attendre trop longtemps. Elle s'approcha sans trop se soucier de son air bizarre et prit la Salut Aber ! Désolée si je t'ai fait attendre ! J'ai pas de talons aujourd'hui, je marche plus lentement quand je suis à plat. J'espère que tu vas bien ?Pas de réponse. Certes elle était petite, mais au point de ne pas la voir ? Elle posa alors ses yeux sur lui, sans trop comprendre. Elle se racla la gorge, avant qu'il reprenne ses esprits. Il semblait revenir de Ah oui, euhm... J'ai l'habitude de me mettre à cette table, ça vous convient ?Elle sourit et prit place sur la chaise en face de lui, posa son sac à ses pieds et retira sa veste, dans un soupire, un peu comme lorsqu'on est pressé et qu'on peut enfin se Pas de soucis, oh et puis tutoies moi. C'est Tatiana, pas madame. Je sais que tu bosses pour moi mais j'ai ton âge et on se connait de la fac, détends-toi !Elle posa ses mains sur la petite table, le portable posé juste à côté, au cas où un appel important pointerait le bout de son Alors, tu dois me parler d'un truc en particulier ? Je t'en supplie, me dit pas que tu veux arrêter de bosser avec moi. J'ai besoin de toi, surtout à l'approche du qu'elle était ici pour parler affaires, elle avait tout de suite entamé le sujet, sans même laisser Aber en placer une. Cette mauvaise manie qu'elle avait de tout faire rapidement. Elle n'avait même pas pensé à commander à boire. Son esprit était vraiment formaté, il faudrait remédier à ça. Aber Sparks ♠ AGE 31♠ COPYRIGHT Drey / Tumblr♠ STATUT SOCIAL Alone. ♠ EMPLOI/LOISIRS Sans emploi / truandSujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Lun 19 Mar - 1148 Ses doigts longs et fins s'étiraient sur la table, tout comme ceux de la demoiselle d'en face, parsemés de bagues plus fantaisistes les unes que les autres. L'une représentait une croix latine à l'horizontale s'étalant sur deux doigts, une autre, sur son index gauche, une tête de hiboux, à l'un de ses majeurs un petit anneau en perles de rocaille multicolores.. Et il y avait, entre elles, une qui faisait ressortir de manière délicate la candeur de sa peau. L'annulaire droit de la jeune fille était enlacé d'un anneau doré sur lequel était dressé un masque vénitien miniature, tout de blanc et de noir. Elle était d'une finesse incroyable, qui frappait même Aber, l'éternel insensible aux arts. Des courbes d'or encadraient le visage dont seuls les yeux, entièrement noirs, ressortaient. Ils semblaient donner une âme à ce minuscule personnage, une profondeur qui laissait bien des personnes perplexes. Un bijou mystérieux, qu'il reconnut aussitôt. Cette bague, elle la portait déjà à la après-midis allongé dans l'herbe du parc, au soleil. Les joies du penspinning et du coloriage au bic des tatouages pas encore remplis, pendant les cours. Le bruit assourdissant de la cloche qui devait avoir une bonne centaine d'année et toujours pas changée. Les regards curieux qui volent de personnes en personnes. L'odeur de beuh mélangée à celle de transpiration des élèves. Les crissements des chaussures écrasant le lino des couloirs ou celui de la craie résonnant dans tout l'amphi. Les baguettes de mauvaise qualité qui se brisaient à la moindre occasion. La voix criarde de la prof d'histoire de la musique et son Levi's qu'elle remontait jusqu'à son nombril. Les nombreux bouquins de Paul Valéry ou de Paulo Coelho dévorés avec passion. L'insonorisation défectueuse des salles et la honte ressentie lorsqu'on fait une faute de rythme et que tout le bahut l'entend. La coupe de cheveux pas très naturelle du proviseur et son costume trop petit pour son ventre d'homme de la cinquantaine. Le poids insupportable des partitions pesant dans le sac à dos miteux. Cette furent les quelques détails dont se souvint Aber de son séjour à la fac d'arts. Malgré son amour pour la batterie, on ne peut pas dire qu'il fut très attentif aux cours. Ça ne le passionnait pas vraiment. Tout ce qui l'intéressait, c'était d'apprendre à jouer plus efficacement et plus vite, non pas de savoir si la cymbale ride est importante ou pas dans le jazz. Et toutes les autres matières, on peut dire qu'il s'en foutait éperdument. Il savait que ça ne lui apporterait rien dans la vie, même pas de quoi entretenir une discussion, à part si c'est avec un psychopathe mordu de Beethoven capable de disserter sur la manière dont il a évolué vers le romantisme musical. Du coup, il passait quelques heures, de temps en temps, à flâner dans les couloirs et aux alentours de l'école, seul, au lieu d'être gentiment assis à hocher la tête sur les phrases soporifiques des professeurs. Il aimait profiter de cette solitude, si rare pour lui. Il en profitait pour inspecter la décoration négligée du bâtiment, observer les étudiants en pleine concentration par une fenêtre, écouter le silence régnant. Cependant, s'il s'approchait d'une porte qui cachait des musiciens jouant un air qui lui plaisait, il s'asseyait contre celle-ci un moment pour laisser son esprit s'évader. C'était son petit plaisir de fac. La solitude. Évidemment des moments comme ceux-ci, ça ne dure pas éternellement. Avant même que la cloche ne sonne, la salle d'en face laissait s'échapper quelques élèves. Apparemment, ils sortaient de cours de photo, vu les sacs encombrants qui chargeaient leurs bras. Tous se dispersaient, en groupe, avec des j'ai faim» ou des on passe chercher à manger?» ponctuant leurs phrases. Ça voulait dire qu'il sera bientôt temps pour Aber de se lever et rejoindre ses "amis" pour aller déjeuner. Et que la musique de l'autre coté de la porte sera voilée par le boucan des élèves puis s'éteindra. Sauf qu'il n'avait pas envie de se bouger. Comme un enfant, il voulait retarder au possible le moment de se lever. La jeune fille qui s'avança vers lui ne devait pas être du même avis. Il la reconnut aussitôt, dès qu'elle lui tendit sa toute petite main. Veux-tu te lever? On va t'écraser si tu restes ici! ». Son rire cristallin décrochait un petit sourire à Aber. Il avait rarement l'occasion de l'entendre. Le fait qu'ils ne soient pas si proches que ça devait y être pour beaucoup. Il aurait aimé devenir ami avec elle, c'est plutôt rare de voir quelqu'un comme ça dans les environs. Avec elle, il se sentait déjà un peu moins.. seul. Quelle jolie Pas de soucis, oh et puis tutoies moi. C'est Tatiana, pas madame. Je sais que tu bosses pour moi mais j'ai ton âge et on se connait de la fac, détends-toi !Tu ne crois pas si bien dire. - Alors, tu dois me parler d'un truc en particulier? Je t'en supplie, ne me dis pas que tu veux arrêter de bosser avec moi. J'ai besoin de toi, surtout à l'approche du leva ses yeux de la bague pour regarder son interlocutrice avec un air profondément stupide. Il était on ne peut plus offensé. Certes, elle ne pouvait pas deviner qu'il était vexé, mais elle ne pouvait pas non plus deviner pourquoi il l'avait invitée. Il la fixa une bonne poignée de secondes, les yeux ronds comme des billes, avant d'essayer de reprendre sur un ton de conversation Mais qu'est-ce que quoi? Est-ce que hein mais non!Désespéré, il mit son visage dans ses mains. Mais pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à parler comme une personne civilisée dès qu'il était en présence de Tatiana? Bonne question. Lui-même n'avait pas la réponse. En tout cas une chose est sûre, c'est qu'elle devait à présent le considérer comme un autiste en puissance. D'abord, il faut savoir pourquoi il lui a proposé une telle chose. Ça aussi, c'était un mystère pour lui. Peut-être était-ce pour faire plus ample connaissance? Ou alors en souvenir des années de fac, même s'ils ne se connaissaient à peine? Sinon c'était pour parler de tout et de rien, juste pour en savoir un petit peu plus sur sa vie? Ou pour avoir l'occasion de ne l'avoir pour lui, rien que pour lui, sans les photographes et les autres mannequins qui rôdent autour? Pour pouvoir admirer ses cheveux roses encadrant son visage d'ange? Aucune idée. Ni pour elle, ni pour lui. Mais ce n'était certainement pas pour parler boulot, ça il en était sûr. Il écarta les doigts pour entrevoir l'expression qu'elle devait afficher. Elle avait l'air aussi perdue que lui. Rassemblant son calme et son courage, il fit baisser un petit peu sa tension artérielle. Ça a le don de lui faire du bien. Se redressant, il se racla la Se désister? Voyons, absolument pas! Faudrait être malade ouais. Mais non, ça ne m'avait pas du tout effleuré l' le vouloir, un sourire en coin apparut sur son visage. C'est bien de réussir à se décoincer. Il toisa la jeune fille quelques secondes, le temps de penser à un quelque chose qui, dans une situation telle que la sienne, voudrait démissionner? On ne peut pas dire qu'il a un grand nom dans ce milieu, mais des centaines voir des milliers de gens tueraient pour être à sa place. Pour être mannequin en tout cas. Et pour un over-tatoué, c'est d'autant plus difficile. Jamais il n'eut de remarque désagréable sur sa façon de se tenir ou de poser. C'est plutôt bien pour quelqu'un qui porte autant la poisse. Il aimait d'ailleurs cette sorte de liberté dans ce que lui offrait Tatiana tu viens une ou deux fois pas mois environ pour porter des tenues loufoques, et je te donne plus que ton salaire. Aucune condition, pas de délais à la con, ni d'horaires bizarroïdes. Fais juste l'égocentrique et c'est le jackpot. Easy life, comme on dit là-bas. Qui, d'ailleurs, voudrait démissionner d'un job dont le patron est une jeune fille absolument sublime, intelligente et drôle? Surement pas Aber. Mais ça, il sait pas trop pourquoi. Il est un peu lent. Tout ce qu'il sait, c'est que se rendre sur son lieu de travail, c'est son petit plaisir. Sans ça, peut-être qu'il aurait quitté la ville depuis longtemps sans compter le fait qu'il se serait senti encore plus seul à être l'unique personne ayant des pouvoir étranges dans les 50 kilomètres à la ronde. Le loyer était immensément cher, les gens souvent désagréables, le temps pourri, et les automobilistes de vrais chauffards. Mais dès qu'il passait le pas de la porte du studio, il y avait cette odeur de café, de vieux vêtements vintage, et de parfum féminin. C'était celui de Tatiana, qui sourit de toutes ses dents pour l'accueillir, vêtue d'une robe plus fantaisiste à chaque fois. C'était ça, son petit plaisir. Ce sourire. Il reposa les yeux sur les mains de la jeune fille. Tout ce qu'elle tenait, c'était son téléphone. Elle semblait le regarder avec de tout aussi grand yeux. Elle avait surement remarqué qu'il était parti loin, très loin. Assez loin pour oublier d'aller prendre à boire. Boulette. Il se leva le plus naturellement possible pour aller réparer ça. Il compta une petite dizaine d'euros dans le fond de sa poche pour anticiper. Décidément, il fallait qu'il refasse un tour à la banque, à moins qu'elle ne le boude encore. - J'ai totalement oublié, vous... merde. Tu veux quelque chose à boire? Je te le rapporte, j'en ai pour deux minutes. Il s'écarta de la table de quelques pas, remarquant avec agacement la file d'attente qui s'étendait hors du café. Puis il s'arrêta net, comme un automate en panne. Il avait sans doute loupé quelque chose. En bonne poire qu'il est, il doit y avoir une douille quelque part... Il revint sur ses pas et posa une main sur la table. D'un air inquiet, il interrogea Tatiana du regard, mais d'une manière on ne peut plus sérieuse. - A moins que... tu veuilles me virer?Son teint avait tourné au vert. Alors ça, il en était pas question. Il fallait lui passer sur le corps pour le détacher de ce boulot. Et il ne voulait pas arrêter de la voir. Ah ça, c'était vraiment pas possible. Non, pas possible. Désolé. Tatiana Cuplle ♠ AGE 33♠ COPYRIGHT Shey♠ STATUT SOCIAL Seule♠ EMPLOI/LOISIRS StylisteSujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Lun 19 Mar - 2004 Les yeux d'Aber. Il y avait tellement de choses à dire sur ces deux-là. La première chose était qu'ils se laissaient rapidement distraire, qu'ils partaient loin, très loin, on ne sait où. Déjà en arrivant, elle les avaient surpris guetter le vide. Elle aurait presque pu voir défiler devant eux, un voile de souvenirs dansant, virevoltant à gauche et à droite. Ici encore, ils s'attardaient sur ses doigts fins et blancs, ou plutôt sur les bagues multiples qu'elles portaient toujours. Elle s'attarda un instant sur son regard, il semblait se porter sur le petit masque vénitien. Elle n'en n'était pas certaine mais elle en était quasiment sûre. Il avait ce don d'hypnotiser un peu près toutes les personnes qu'elle rencontrait. Tatiana s'était déjà posé la question de savoir si elle avait un pouvoir magique, un VRAI pouvoir magique. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle traînait cette bague au même doigt et ce, depuis des années. Elle ne l'avait jamais, jamais retirée. Même pour se laver, elle restait bien accrochée. J'aurais bien aimé tomber dans le mélodramatique, vous dire que c'était son père qui lui avait offert cette bague si précieuse, alors qu'elle était encore au lycée. Aussi, que cette bague, il la tenait de sa propre mère et que comme Tatiana était son unique fille, il lui devait. J'aurais pu vous dire aussi qu'elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux -ce qui n'est pas tout à fait faux, et qu'elle la caressait parfois inconsciemment en se remémorant le bon souvenir de son paternel. Or, cette bague n'avait aucune histoire, si je peux dire ça comme ça. Elle en avait sûrement une, en fait, quand j'y pense. Bref. Tatiana, qui aimait beaucoup fouiner, traîner sur des marchés, des brocantes, des friperies et tout ce genre de lieux poussiéreux, avait trouvé cette bague sur une brocante. Elle l'avait eue pour pas grand chose. Elle se souvient, du haut de ses 16 ans, à tout casser, se promener au milieu de tous ces vieux aux vestons bruns et poussiéreux, aux pantalons usés au fesses et aux chaussures bien cirées. Ou de pantoufles pour d'autres. Elle avait déjà un sac bien rempli de choses et d'autres, de vieux disques, de froufrous parfumés à l'odeur de cave, et de trucs par ci, par là qu'elle avait trouvé sympa pour très peu d'argent. Elle se souvient très bien de cette vieille dame au visage marqué par le temps, particulièrement par les rides. Cette petite bonne femme aux cheveux blancs, un peu rondelette, assise sur une chaise basique comme celles qu'on utilise à la plage. Juste quelques barres de métal et du tissu pour nous tenir les fesses et le dos. Cette dame avait un des plus grands étalages de toute la brocante ! Elle avait de tout, du plus original au plus banal, du plus vieux au plus récent, du plus petit au plus grand. Et au milieu de tout ce bazar, cette bague. Elle avait été comme un appel pour Tatiana. Sans doute à cause de son goût pour l'art, oui. Puis elle était tellement belle. Elle scintillait au soleil, elle inspirait des sentiments tellement profonds. La jeune fille était restée là à la contempler de longues minutes. Elle semblait avoir vécu mais elle était toujours tellement...parfaite ! C'est alors que la petite dame s'était approchée en souriant elle vous plait mademoiselle ? ». Tatiana avait sursauté, et en reprenant ses esprits, avait confirmé. Lui plaire ? C'était bien plus que ça. Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que Tat' l'enfile à son doigt et parte avec. Prenez-en soin, vous avez beaucoup de chance de l'avoir. » avait ajouté la vendeuse. Tat', intriguée, lui avait demandé pourquoi avait-elle de la chance. C'est vous qu'elle attendait jeune fille... ». A croire qu'elle attendait de rencontrer Aber aussi, vu depuis combien de temps il était absorbé par les courbes généreuses de ce masque. Dans les yeux d'Aber, il n'y avait pas que cet air un peu idiot, un peu maladroit. Oh non, Tat' avait vu bien plus loin que ça. En effet, elle ne le connaissait pas fort bien, même à la fac, c'était plutôt de la courtoisie, des sourires discrets et polis. Des regards de loin, rarement échangés avec franchise. Non seulement, elle était un peu timide, mais lui aussi avait l'air de ne pas toujours se sentir à l'aise dans ses bottes en sa présence. L'intimider ? Non, se disait-elle. Il devait falloir bien plus que ça pour intimider un beau gars baraqué comme lui. Ce n'était pas Tatiana miss froufrous, qui se casse un os à la première tape amicale qui pouvait intimider ce gars là. Pourtant, elle ne le voyait pas comme une brute. Il lui semblait doux et tendre. On ne pouvait pas dire qu'ils avaient déjà eu de quelconques gestes pour se le prouver. Elle le voyait dans ses yeux. Peut-être parce-qu'elle était une fille, sa patronne... Elle n'en savait rien du tout. Elle avait déjà observé ses regards un peu perdus quand elle donnait des instructions carrées et rapides, ou quand il devait enfiler un vêtements un peu farfelu, ne sachant pas où passer sa tête, où passer ses bras. Combien de fois il l'avait déjà fait rire avec ce petit air presque niais. Un peu comme un gosse qui se fait donner une leçon par un grand, comme si cette minette lui apprenait des choses à chaque fois qu'ils se voyaient. Comme elle le connaissait peu, elle n'avançait rien de tout ce qu'elle croyait déceler dans ces jolis yeux marrons. Elle y voyait un lourd vécu, un lourd passé. Pas de tristesse, pas d'ennui, non plus. En fait, de tous les mannequins présents dans le studio à chaque fois, c'était Aber le plus vivant, le plus naturel. Les filles avaient le don d'agacer Tat', avec ce regard vide, ces yeux de poisson, dénués de sentiments. Elles ne s'amusaient même pas dans leur travail, c'était triste ! De vraies machines. Parfaites dans leur tenues, dans leur capacité à recevoir des ordres, mais des machines. Il n'y avait pas d'autres mots. Les yeux d'Aber la rassuraient et l'enveloppaient d'amour à chaque fois qu'elle perdait qu'elle le vit reprendre ses esprits, ainsi que se cacher dans ses mains, elle ne pu retenir un rire. Doux, discret, qui disait à Aber qu'il était fou. Fou, d'une folie gentille, d'un folie attendrissante. D'une folie qui ne tarderait pas à lui faire chavirer le coeur s'il ne se calmait pas de suite. Elle baissa alors les yeux sur son portable qu'elle n'utilisait même pas. Elle était soulagée, aussi. Soulagée qu'il ne compte pas s'en aller. Soulagée de voir que la seule base plus ou moins stable de sa société resterait à ses côtés. Rassurée qu'elle garderait au moins une personne compétente avec elle. Elle se rassurait surtout en ne trouvant que de bonnes excuses professionnelles. Elle se voilait la face que si Aber était là, et que si elle faisait en sorte de le garder, ce n'était pas que pour sa société. C'était un peu, voire avant-tout, devenu personnel. Non, on ne parlait pas du tout d'amour, on n'était à mille lieues de tout ça. C'était de l'affection, oui mais tellement plus complexe. C'était, comme déjà dit, une personne qui la rassurait, qui l'embaumait d'un halo étrange qu'elle ne ressentait pas vraiment avec d'autres personnes d'habitude. C'était Aber, elle ne pouvait encore pas mettre de réels mots sur ce qu'elle éprouvait quand elle évoquait son nom. Il lui arrivait de penser à lui, parfois, en dehors du travail. Quand son cerveau lui autorisait à penser à autre chose qu'à ça, quand elle pouvait faire une pause, ou bien quand elle voyait des clichés et qu'elle reconnaissait ses les quelques mots rassurants d'Aber, elle avait posé, un quart de seconde, sa main sur la sienne, en guise de J'ai totalement oublié, vous... Tu veux quelque chose à boire? Je te le rapporte, j'en ai pour deux oui, à boire ! C'était quand même le but du rendez-vous, et elle aussi, avait totalement zappé la première raison de sa venue. Elle se redressa et reprit son Oh oui, heu... Un macchiato caramel, s'il te plaît. Et s'il te faut de la monnaie j'en ai !Il était déjà sûrement bien loin, elle ne s'était pas retournée. Elle regarda l'heure, elle n'avait quasiment pas bougé depuis son arrivée et pourtant, elle avait l'impression d'être là depuis des heures. Mais alors, que faisait-elle ici, si ce n'était pas pour parler boulot ? Enfin... Elle n'en savait rien. Il avait dit ne pas vouloir s'en aller, mais il allait peut-être quand même enchaîner là-dessus. Augmentation du salaire, horaires réduits, mésentente avec un des membres... Une petite poussée d'adrénaline envahit une nouvelle fois la jeune fille. Pitié, pas de problèmes, pas de problèmes, pas de A moins que... tu veuilles me virer?Elle fit un bond. Si elle s'attendait à le voir surgir de n'importe où ! Elle releva les yeux vers lui, le coeur battant au moins deux fois plus rapidement que la seconde précédente. Ce pseudo air menaçant la fit presque exploser de rire, mais avec cette mini crise cardiaque, elle était dans l'incapacité totale d'afficher un quelconque rictus, ou même quelque chose proche de la chose, sur son joli petit virer ? Mais quelle stupide idée. Sûrement tout autant stupide que de penser qu'il voulait démissionner. Elle ne pouvait pas le virer, elle avait besoin de lui, besoin de ses tatouages pour accorder ses vêtements, besoin de sa présence pour rester un minimum crédible sur les photos qu'elle promotionnait. Elle avait besoin de lui pour continuer à ressentir ce sentiment qui la laissait perplexe à chaque venue d'Aber dans le studio. Elle avait besoin de lui pour se rassurer et se conforter dans l'idée qu'elle ne faisait pas que de la merde, et que ses projets aboutiraient. - Je heu... Quoi ? Mais t'es fou !Elle se mit alors à rire, prenant conscience de ce qui se passait sous ses yeux plein de surprise. Quel comique cet Pas du tout, je compte te garder jusqu'à ce que tu meurs à la tâche toi ! J'ai besoin de toi, je te l'ai déjà dit, dit-elle en lui adressant un sourire innocent, se pressant de chasser toutes ses prises de conscience hors de sa petite tête. Contenu sponsorisé Sujet Re "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères" disait Pascal. __ /Tatiana Page 1 sur 1Permission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumLightning Strokes Thunder Bay. Starbuck vers I Le divertissement dans les Pensées de Pascal 1) Définition : qu’est-ce que “se divertir” ? Avant le 17ème siècle, le terme de divertissement n’a pas du tout le même sens qu’aujourd’hui. Vient du latin divertere = action de détourner de Pour Pascal, la notion de « divertissement » désigne d’abord le fait de se détourner de quelque chose pour ne Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisLe poison de l'ennuiÀ sa parution, Un roi sans divertissement déconcerta les lecteurs. Cette œuvre, dont la construction est complexe, demeure difficile à appréhender. Le narrateur cédant la parole à divers intervenants, on ne sait plus toujours très bien qui parle ni d'ailleurs à quel moment se situe l'action, en raison d'oscillations continuelles entre le xxe siècle, temps du récit, et le xixe siècle, temps de l' est également composite dans son ton et dans son style. Giono voulait que ses chroniques ressemblent à des opéras-bouffes, qu'elles mélangent farce et drame. Passant sans cesse du coq à l'âne, Un roi sans divertissement fait se succéder goguenardise et gravité, débraillé et précieux, tragique et le roman cultive l'implicite et le non-dit. Ni le narrateur ni l'auteur ne proposent de commentaire. Langlois lui-même, introverti, mystérieux, ne livre rien de ses pensées. Aussi la clé de l'histoire est-elle à chercher dans la citation de Pascal qui conclut le roman et lui donne son titre Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »Qu'est-ce ici que l'absence de divertissement ? C'est le carcan de l'hiver, le paysage désespérément blanc et gris. Tout le contraire de la messe de Noël, avec l'or de son ciboire et de ses chasubles, de la chasse avec ses tenues d'apparat et ses sonneries de cors, ou encore du sang d'une oie égorgée qui s'égoutte sur la ces cérémonials » fascinent Langlois parce qu'ils comblent le vide d'un monde sans substance. Meurtrier à deux reprises, le héros prend peu à peu conscience que l'ennui fait naître chez lui les mêmes pulsions sadiques que chez C'est pourquoi il veut connaître son épouse et même ses objets familiers, pour saisir sa personnalité. Pour lui aussi, la mort peut être un spectacle divertissant et la souffrance de l'autre un plaisir esthétique. Parce qu'il sent monter en lui ce besoin de cruauté, il met fin à ses pessimiste, un des plus noirs que Giono ait écrit avec Les Âmes fortes 1950, Un roi sans divertissement, traversé de visions fulgurantes et oniriques, porté par le lyrisme de l'écriture, témoigne d'une extraordinaire puissance d'imagination. Le grand hêtre aux cadavres, la traque du loup dans le val de Chalamont ou la mort de Langlois sont autant de pages qui hantent à jamais la mémoire du 2 3 4 5 …pour nos abonnés, l’article se compose de 2 pagesÉcrit par agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieureClassificationLittératuresŒuvres littérairesŒuvres littéraires du xxe s. et du xxie s. en OccidentLittératuresŒuvres littérairesŒuvres littéraires par genresŒuvres romanesquesAutres références UN ROI SANS DIVERTISSEMENT, Jean Giono » est également traité dans GIONO JEAN 1895-1970Écrit par Laurent FOURCAUT • 6 230 mots Dans le chapitre Les Chroniques » » […] Avarice », perte » telles sont les deux grandes postulations qui vont déterminer l'univers des Chroniques , mais qui étaient déjà présentes, en creux, dès le début de l'œuvre, dont la structure la plus profonde est et aura été celle de la perte indirecte », fragile synthèse des deux . Le choléra du Hussard , c'était en somme l'allégorie du tourniquet tragique dans lequel est pris le désir […] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis

Quon en fasse l’épreuve ; qu’on laisse un Roi tout seul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans l’esprit, sans compagnie, penser à soi tout à loisir ; et l’on verra, qu’un Roi qui se voit, est un homme plein de misères, et qui les ressent comme un autre. Aussi on évite cela soigneusement, et il ne manque

Chroniques.... - Poche Seulement, ce soir-là, il ne fumait pas un cigare il fumait une cartouche de dynamite. Ce que Delphine et Saucisse regardèrent comme d'habitude, la... Lire la suite 7,80 € Neuf Poche En stock 6,30 € Actuellement indisponible 9,00 € Ebook Téléchargement immédiat 7,49 € En stock en ligne Livré chez vous à partir du 1 septembre Seulement, ce soir-là, il ne fumait pas un cigare il fumait une cartouche de dynamite. Ce que Delphine et Saucisse regardèrent comme d'habitude, la petite brise, le petit fanal de voiture, c'était le grésillement de la mèche. Et il y eut, au fond du jardin, l'énorme éclaboussement d'or qui éclaira la nuit pendant une seconde. C'était la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l'univers. Qui a dit "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères " ? Date de parution 09/10/2002 Editeur Collection ISBN 2-07-036220-5 EAN 9782070362202 Format Poche Présentation Broché Nb. de pages 244 pages Poids Kg Dimensions 10,9 cm × 17,9 cm × 1,6 cm "Le livre est parti parfaitement au hasard, sans aucun personnage. Le personnage était l'Arbre, le Hêtre. Le départ, brusquement, c'est la découverte d'un crime, d'un cadavre qui se trouva dans les branches de cet arbre. Il y a eu d'abord l'Arbre, puis la victime, nous avons commencé par un être inanimé, suivi d'un cadavre, le cadavre a suscité l'assassin tout simplement, et après, l'assassin a suscité le justicier. C'était le roman du justicier que j'ai écrit. C'était celui-là que je voulais écrire, mais en partant d'un arbre qui n'avait rien à faire dans l'histoire". Jean Giono. Biographie de Jean Giono Jean Giono, né en 1895 et mort en 1970 à Manosque, est l'auteur de Le Chant du monde, Le Grand troupeau, Deux cavaliers de l'orage, Les âmes fortes, Le Moulin de Pologne, Le Hussard sur le toit...
Unroi sans divertissement (1947), écrit en vingt-sept jours par Jean Giono, est, selon Pierre Michon, « un des sommets de la littérature universelle ». 50 ans après la disparition du grand écrivain, Jean Dufaux et Jacques Terpant lui rendent hommage avec une adaptation libre qui magnifie les paysages flamboyants du Trièves, chers à l’auteur. Introduction Les grandes expositions attirent un public nombreux qui n’hésite pas à patienter parfois pendant des heures avant de pouvoir entrer. Dans l’imaginaire collectif l’art reste attaché à la figure du génie, de l’inventeur solitaire qui réalise des découvertes essentielles. Il est donc étonnant d’envisager que l’art ne puisse être qu’un divertissement. Ce terme a ici une signification dépréciative. On ne s’étonnera pas qu’il soit employé pour qualifier des activités ludiques ou sans prétention mais comment peut-on l’appliquer à l’art ? Celui-ci n’est-il pas l’expression des valeurs les plus hautes d’une civilisation ? Le soin mis à entretenir les œuvres incite à le penser. Serait-ce dû à une illusion ? 1. Le plaisir du divertissement A. L’agrément Nous parlons couramment d’artistes de variétés dont le métier est de distraire un public souvent contrarié par les difficultés du quotidien. Le plaisir est l’effet produit par la qualité d’un divertissement proposé dans le but d’échapper momentanément à une réalité désagréable ou morose. Il est indéniable que cette signification concerne la pratique artistique. Il semble même que des génies rencontrent sur ce point le jugement du grand nombre. Matisse a déclaré que ses tableaux devaient délasser l’esprit surmené de l’homme moderne. Ceci paraît corroborer l’avis de l’opinion commune quand elle soutient que le but d’un film ou d’un spectacle est de lui faire oublier sa vie de tous les jours. Ce phénomène n’est d’ailleurs pas forcément surévalué par ceux qui le défendent. Le spectateur sait fort bien qu’il n’assiste pas à un chef-d’œuvre mais réclame un droit à se faire plaisir et apprécie les chanteurs ou les cinéastes qui lui procurent cette satisfaction. Kant, dans sa division des Beaux-arts, donne une place aux arts d’agrément qui embellissent le quotidien en le rendant plus agréable à l’œil. La décoration de jardins ou d’intérieur, les divers ornements comme ceux liés au vêtement constituent des avantages qu’il ne faut pas mépriser car ils participent à la civilisation et aux mœurs. Le plaisir est donc intrinsèquement lié à l’art et on comprend qu’il soit recherché par un public fatigué par les contraintes du travail et la routine journalière. B. L’ambivalence de la séduction L’artiste étant un être doué du pouvoir de plaire par ses œuvres, il devrait donc mettre son talent au service des attentes de ses contemporains et chercher à nous divertir. Chateaubriand ne fut-il pas surnommé l’Enchanteur ? Or, cette affection doit être analysée. L’enchantement reste un critère encore formel. Il ne dit rien quant à la valeur réelle de ce qui est montré. Faire plaisir risque de n’être que l’argument d’un esprit complaisant à l’égard des désirs vulgaires. Le démagogue sait flatter pour imposer sa présence et ses idées. L’artiste ne serait alors qu’un homme habile, capable de répondre à une attente en appliquant des recettes qui pourraient avoir été testées sur des échantillons de population. Ce danger menace même ceux qui commencèrent par inventer. Picasso dit en ce sens qu’imiter les autres est nécessaire mais que s’imiter soi-même est mesquin. » Un artiste novateur peut être victime de son succès en se bornant à répéter des procédés. [Transition] L’idée de divertissement possède un sens qui nous amène à approfondir notre réflexion. 2. Deux visions de l’œuvre A. L’art comme faux-semblant Dans les Pensées, Pascal donne au divertissement une signification tragique en y voyant la façon dont l’homme se détourne de la réalité de sa condition. Se divertir serait une fuite motivée par la misère de notre situation. L’homme se sait mortel et cette considération lui pèse. Dès lors, tout devient désirable pourvu que l’excitation d’une activité lui fasse oublier sa finitude. Ainsi, c’est l’ensemble des activités humaines qui devient un divertissement. Non seulement les différents jeux, mais la politique, et toutes les charges qui nous donnent un statut social. La royauté elle-même n’aurait de valeur qu’à cette condition car un roi sans divertissement est un homme plein de misères ». L’art rentre-t-il dans cette catégorie ? Pascal l’affirme tout en s’étonnant du pouvoir des représentations artistiques quelle vanité que la peinture qui s’attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n’admire point les originaux ! » L’art nous détourne de méditer sur notre condition en nous charmant par ses couleurs et ses formes. Ce divertissement, bien que compréhensible, est présenté comme coupable car il nous empêche d’admettre que seule la foi en Dieu nous sauverait. C’est en vain que nous nous divertissons aux spectacles de l’art. Ce plaisir passager nous contraint à le répéter sans jamais nous délivrer de notre angoisse. Cependant, ce jugement rend-il justice à la nature de l’œuvre d’art ? B. La nature singulière de l’œuvre d’art Les œuvres d’art sont des réalités particulières au sens où elles possèdent une double nature. Nous les appréhendons par notre sensibilité et elles nous procurent une satisfaction spirituelle. La vue et l’ouïe sont les principaux sens à être sollicités. Or, lorsque nous contemplons un spectacle ou écoutons une musique, nous voyons apparaître des significations comme la joie, la colère, la fierté, etc. La force de l’œuvre vient de la façon dont elle unit ces deux dimensions de manière indissoluble. La signification fait corps avec sa manifestation sensible. Si, par son origine grecque, le mot esthétique renvoie à l’idée de sensation, l’œuvre n’est pas consommable comme un produit nécessaire à nos besoins physiques, elle révèle l’essence d’un sentiment ou d’une valeur. Elle est donc liée à une forme de vérité. [Transition] Ceci nous engage à réévaluer notre approche de l’œuvre d’art. 3. Réévaluation de l’art A. Art et dévoilement Les réflexions d’André Malraux sont centrées autour du concept de métamorphose dans lequel il voit la vérité de l’œuvre d’art. Il s’étonne de la résistance que certaines réalisations opposent au passage du temps. Nous savons bien que les civilisations sont mortelles. Partout abondent les traces de ce qui fut et ne reviendra plus. Ceci ne signifie pas que le passé n’a plus de sens pour nous. La science historienne se charge d’ordonner ces témoignages selon la chronologie. Nous pouvons connaître des faits, les classer de manière intelligible mais la connaissance ne les ressuscite pas. L’époque étudiée est bel et bien révolue. C’est pourquoi, Malraux estime qu’une œuvre d’art est ce qui conserve une présence par-delà le passage des siècles. Elle ne sollicite pas seulement notre intelligence mais possède une vie énigmatique. Mona Lisa est morte mais La Joconde continue de fasciner. Puisqu’un chef-d’œuvre est ce à quoi on ne peut s’empêcher de revenir, il est plausible de parler de métamorphose pour caractériser la raison de sa vie intemporelle. Les cathédrales gothiques, par exemple, ne furent guère prisées aux xviie et xviiie siècles avant d’être redécouvertes par le siècle suivant, en les interprétant à sa manière, qui n’est plus la nôtre. L’œuvre peut susciter un nombre illimité d’interprétations et être une source d’inspiration, même si elle traverse des périodes d’oubli. Son pouvoir est fragile mais invincible. B. L’élargissement de la perception. Le goût Bergson affirme ainsi que l’artiste est un révélateur » qui fixe sur sa toile ou dans des mots des visions fugitives, des nuances de sentiments qui traversent notre esprit mais rapidement recouvertes par les exigences de la vie quotidienne. Il souligne ainsi un paradoxe c’est parce que l’artiste songe moins à utiliser sa perception qu’il perçoit un plus grand nombre de choses. » Il naît détaché », c’est-à-dire plus enclin à contempler qu’à utiliser. Cette thèse est importante car elle donne à l’art une nécessité profonde. Il est lié à la connaissance de soi, de notre vie intérieure et de notre rapport au monde. Les œuvres d’art nous permettent de mieux saisir ce que nous ressentons confusément et c’est pour cela qu’elles nous touchent. Le détachement n’est pas une façon de fuir la réalité mais un recul pour la faire apparaître. Le plaisir pris à l’œuvre est celui d’un goût que nous apprenons à affiner. Montesquieu note ainsi qu’une jeune personne qui se rend au théâtre manquera d’abord de goût car elle n’aura pas une perception suffisante de ce qu’elle voit. Il lui faudra du temps et de l’expérience pour apprécier la composition qui structure le développement de l’intrigue. Nous pouvons sans difficulté appliquer cette idée à toute forme de spectacle. Ceci est dû au fait que l’œuvre est une représentation qui suit nécessairement certaines règles même si le talent de l’artiste consiste à les moduler pour créer à chaque fois une réalité unique. [Transition] Il ressort de ceci que le goût est une capacité qui se cultive. Il s’acquiert et se perfectionne par la fréquentation des œuvres. Conclusion Ce sujet nous a amenés à considérer l’art sous deux aspects. Il est vrai que l’art, en nous détournant du monde habituel, peut être présenté comme un divertissement qui charme pour un moment. Mais cette signification reste superficielle. Une grande œuvre nous livre la vérité d’un monde, elle dévoile son essence et n’a donc rien d’une activité futile ou secondaire. L’art nous divertit au sens où il nous détourne de nos habitudes perceptives pour nous rendre plus sensible. Il cultive simultanément notre sensibilité et notre jugement. XT2hR2.
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  • un roi sans divertissement est un homme plein de misères